novembre 2001

Bénares

De Bénarès j'avais pu envoyer un court mot depuis un cyber café. La seule trace qui reste de mon séjour dans la ville sacrée. Le reste, ce sont mes souvenirs.

Salut !

Aujourd'hui je suis a Benares, hier aux grottes d'Ajanta et demain probablement a Kajuraho. J'aurai beaucoup a ecrire mais helas (ou peut-etre tant mieux) j'ai trop peu de temps avec ce qu'il me reste a voir (c'est un petit peu le marathon, enfin j'aurai sans- doute plus de temps la prochaine fois que je viendrai).
Moi qui apres Bombay pensais partir un peu a l'aventure, c'est rate : les coins touristiques sont vraiment des coins touristiques, impossible de se perdre, tout est fleche, guide, planifie (faut dire que j'aide un peu dans la planification, j'evite de trop perdre de temps). Enfin, c'est agreable quand meme. J'espere que ceux qui sont en vacances en profitent, en attendant de revoir la France dans 15 jours.
Je vous ecrirai sans doute d'Agra, et puis peut-etre aussi de Jaipur (coins touristiques = cybercafes partout, c'est bien pratique, et a 30 roupies - 5 francs - c'est vraiment parce que j'ai autre chose a voir que je n'y passe pas plus de temps).

Bon, je vous laisse avant que la nuit tombe sur les Ghats et les cremations.

a+

Francois

Il n'y a pas encore eu de prochaine fois. A mon arrivée à la gare Bénarès, impossible de trouver de taxi sans avoir de guide imposé. On me dépose quasiment de force devant un hôtel du centre, je proteste car ce n'est pas celui que je souhaitais. Tant pis, je suis un peu perdu et je n'ai pas envie de marcher plus longtemps avec mon sac. Pour faire bonne mesure, je remonte tout de même la rue sur cen mètres et choisis un hôtel où je n'aurais pas à payer le backcich du "guide". Ce dernier n'a pas l'air d'apprécier.

Je pose mes bagages et part à la découverte de la ville en descendant le Gange. Mon hôtel se trouve en amont du centre que je rejoins par un lacis de petites ruelles. Je ne cherche pas à repérer mon chemin. Je sais que je n'ai qu'à remonter le fleuve pour retrouver l'hôtel. La mousson arrive à sa fin aussi les ghâts se réduisent-ils à quelques jetées de marches, la plus grande partie étant recouverte par l'eau et la boue.

J'arrive rapidement sur la plus grande place de la vieille ville. Durant ces deux jours, je n'ai guère quitté ces ruelles étroites. Les semelles de mes sandales sont sur le point de se détacher. J'en achète provisoirement une paire en plastique Batta et les amène chez un cordonnier qui me les rend grossièrement recousues quelques heures plus tard. De cette journée j'ai vu le temple d'or, guidé par un garçon qui évidemment m'ammena ensuite chez un marchand de soie, ravi de me montrer les images de Paris-Match dans lesquelles on voyait Catherine Deneuve faire des achats dans son magasin. Comme le soir tombe, je m'approche des lieux de crémation. Un Indien me propose de m'approcher. Je le fais, n'osant pourtant trop détailler le corps qui se consumme. Au moment de partir, il cherche à me faire payer. Je refuse, et repart. Alors que je rentre à l'hôtel, la pluie commence. Des torrents d'eau dévalenet les rues et mes chaussures en resteront humide pour plusieurs jours (donnant durant ce même temps une couleur rouge-boue très locale à mes pieds). Je me couche tôt : le lendemain je dois assister aux ablutions matinales sur les ghats en compagnie de deux touristes logés à l'hôtel sur une barque louée par celui-ci.

Au matin, je suis le seul réveillé à temps. La promenade est extrêmement désagréable. Je m'attendais à contempler la rive d'assez loin, mais nous donnons quasiment des coups de rames aux gens qui se lavent. Le descente de la barque est un réel soulagement. Pour le reste de la journée, je décide de recommencer et prolonger mon parcours de la veille. Sans moyen de transport et avec peu de temps devant moi, je préfère me consacrer ainsi au coeur de Bénarès. Des ruelles, le fleuve est invisible, mais j les descends une à une pour arriver aux quelques marches encore accessibles sur les Ghâtes. Je fais une pause à l'observatoire, îlot hors du temps. Deux adolescents me proposent de me faire visiter les temples, j'accepte et découvre à leur suite les divers monuments. J'avais cru quils ne voulaient que quelques roupies, mais une fois encore ils travaillent pour un magasin de soie. Je refuse de les suivre, après tout je les avais prévenus. Je redescends encore, arrivant dans des quartiers plus populaires, des forteresses/jardin en ruine ou seul m'accueille un vieil hindou.

J'arrive quasiment à la fin de la ville. Remonter à pied ne m'attire guère, aussi je loue auprès d'un cul de jatte une barque dans laquelle il me fait remonter jusqu'à la place centrale. En rentrant à l'hôtel, je suis témoins d'un échange qui me rappelle énormément le monde de Kim. Alors que je biffurque vers une ruelle plus proche du fleuve, je vois un Indien jeter un bref coup d'oeuil derrière lui, puis tendre dans son dos une écuelle. Un second s'approche, prend le billet qui s'y trouve et déposer un petit paquet à la place. Je pense qu'un mois auparavant je n'aurais pas compris la scène. Je me retouve par hasard seul avec eux dans la ruelle. Ils me jettent un regard, je détourne le mien et poursuit mon chemin.

Je récupère mon sac à la réception de l'hôtel, puis prends un rickshaw pour la gare. Des rickshaw différents de ceux de Bombay d'ailleurs : pas des autorickshaw, ici le chauffeur pédale. Celui-ci est jeune et nous filons rapidement dans les rues plus larges de la ville moderne. J'avais acheté mon billet de train la veille et je prends le train puis le bus vers Kajuraho.

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