mai 2000 - juin 2004

Inde

Lundi 22. Premier "grand" week-end : Aurangabad et les caves d'Ellorâ.

Bonsoir,

Aujourd'hui je m'installe pour vous parler de mon week-end.

D'abord je vais commencer par répondre à une question bête que vous devez vous poser: mais comment il fait pour trouver le temps d'écrire tous ça ?

Et bien si je travaille. Et j'ai même le temps de sortir, des fois. Comme je finis mon travail a 18h30, je commence a taper a ce moment la (mon patron bosse, au bureau derrière moi, jusqu'a neuf heures voire plus, mais les autres partent généralement a l'heure), ensuite je me débrouille dans les heures qui suivent pour caser une visite quelconque (je commence presque a avoir fait le tour des références du guide du routard, il va falloir demander aux indigènes pour la suite), un repas au restaurant et mon retour en train (généralement un peu moins d'une heure, parce que j'aime bien être
assis et prendre le temps de réfléchir, je suis toujours un peu déçu quand je dois finir par descendre; en train rapide je n'en aurais que pour une demi-heure, mais c'est plus remplis (enfin vers onze heure ca va) et je dois marcher un peu plus (ou payer un taxi); pour ceux qui se demandent comment un train Indien fait pour être rapide, c'est facile: il fait le même parcours que les autres mais ne s'arrête que dans une station sur quatre environ; mon logement étant a quinze minute a pied (trois en rickshaw) de la gare rapide (et d'ou un train lent a l'avantage de partir le matin, ce qui permet de bien s'installer) et a dix minutes de la gare "lente", j'aime autant minimiser les frais de taxi et marcher un peu (surtout que le parcours le moins long est aussi le plus agréable, avec les vaches qui broutent tout ce qu'elles trouvent (surtout des ordures) et des rues moins fréquentées). Comme je n'ai pas la télé (ça ne me manque pas plus que le reste de l'année) et que je me couche généralement à minuit, j'ai pas mal de temps a occuper (ce soir ce sera Proust et dodo tôt, parce que j'ai passe un week-end assez fatiguant).

Mon week-end donc (vingt-quatre heures bien remplies): j'ai voulu essaye le train et découvrir un peu les alentours de Bombay, et comme c'est ce qu'il y a de plus connu dans le coin j'ai commence par les grottes d'Ellorâ (Ajanta, a quatre-vingt kilomètres de la, ce sera sans doute après mon stage). Pour y aller c'est facile: huit heures de train dans un sens, huit heures de visite sur place, huit heures de train dans l'autre sens (comptez bien, ça fait vingt-quatre). Je suis parti samedi soir et rentre ce matin donc voyage de nuit: on dort assez bien en fait, c'était même plus frais que dans ma chambre. Le long de ces quatre cent dix-sept kilomètres (et oui, les trains sont pas rapide), j'ai donc dormi une première fois avec un couple canadien pour voisins (la fille étant plutôt d'origine asiatique; ils revenaient de deux semaines au Népal et engageaient trois semaines et demi en Inde), plutôt au calme quoique l'arrivée a cinq heures du matin m'ait trouvée peu dispose a l'action. Enfin j'ai lu, été prendre mon ticket pour la visite, suis revenu a la gare (cent mètres entre les deux points, ce qui a détermine le choix de la compagnie pour le bus ...), ai pris mon billet pour le retour (encore une couchette en bas, mais en fait c'est pas si mal), un petit déjeuner et suis revenu prêt du point de départ du bus pour attendre, en lisant sous les arbres. La visite donc, rien d'exceptionnel (un peu déçu) mais je site dan l'ordre: un petit fort (le deuxième plus grand d'Inde), avec des défenses a faire pâlir le MJ le plus sadique (en particulier une centaine de mètres de couloir dans le noir, avec escaliers, tournants, crocodiles et serpents qui attendaient l'envahisseur), perche sur une colline donc les flancs ont été retaille a la verticale: carrément imprenable. En fait le fort a tout de même été occupe, après six mois de siège sans eau et sans vivres. Son histoire est amusante aussi: construit par le prince de Delhi (vers le quatorzième siècle), qui avait décide de déménager ici (avec tout Delhi évidemment, un habitant sur cinq ayant trouve la mort sur les mille kilomètres de route entre les deux lieux), mais le guide le trouvait très sympathique, éclairé et tout (parce qu'il  fait des écoles, des sanitaires et tout dans la nouvelle cite). Quelques années après il en a eu marre, alors il est rentre a Delhi avec tout le monde (je ne connais pas le nombre de morts sur le chemin de retour, probablement autant).

Deuxième site pas beau, juste un temple de Shiva (un des douze d'Inde, avec un lingam d'origine, c'est a dire ne de lui même; le lingam étant un phallus symbolique, une des incarnations de Shiva (parmi quatre-vingt dix-neuf je crois)) assez anime cependant avec étudiants en toge orange et frappes occidentaux.

Troisième les grottes d'Ellorâ, expédiée un peu trop vite a mon goût. Le plus grand ensemble monolithique du monde (tout un temple creuse dans la roche, un seul morceau depuis les passerelles jusqu'à la moindre statue, pas de ciment ni rien), énormément de scènes sculptées et de statues, avec quelques explications intéressantes du guide, mais pour Ajanta je pense que j'essaierai plutôt de faire le tour seul, c'est vraiment frustrant de voir tout ça si vite. Ensuite un mausolée par terrible, un mini-Taj Mahal assez laid (mais ça donne encore plus envie de voir l'original) et sanctuaire musulman, pour souffler quelques instants. Le soir donc il me reste quatre heures a passer avant le départ du train, j'en profite pour relire les commentaires de mon guide sur les monuments que je viens de voir, prendre une douche puis finir mon livre, tranquillement assis sur un banc le long du quai, légèrement penche en avant pour profiter du soleil déclinant (les lumières ne sont pas encore allumées), un peu perdu dans mes pensées. Et la je me prends la plus grande gifle que j'ai jamais reçue. Comme ça, sans rien avoir vu venir, sans raison. Le type a en même temps laisse tomber sur moi son repas (des grains secs pimentes qui finissent par terre), je commence a me nettoyer en le regardant, ne comprenant pas trop ce qui m'arrive. Dans les secondes qui suivent une quinzaine d'Indiens entourent leur étrange compatriote, lui demandant des explications (a priori ils n'avaient pas plus que moi l'air de comprendre ses paroles), m'en demandant a moi même (j'affiche sans effort un air de totale incompréhension, et je commence a passer ma main sur ma joue, parce que ça fait mal quand même). Puis ils commencent a le gifler, m'invitant à faire de même. Comme je n'ai toujours rien compris (et personne ne m'a rien explique, si ce n'est que le monsieur est un peu dérangé et en veut aux anglais), je refuse et je repars vers la sortie de la gare pour aller manger. Alors que juste avant cette gifle je commençais a déprimer tranquillement (pas plus qu'en France, je vous rassure), je me retrouve un peu ébahi encore mais avec au moins quelque chose pour m'occuper. Le repas est excellent, un petit restaurant à la lumière tamisée, avec une station style nostalgie qui passe de vieilles chansons aux rythmes typiquement années soixante, assaisonné façon indienne, et un poulet moglai délicieux (pas trop épicé et pourtant pas fade, une excellente adresse, le guide du routard est bien fait quand il veut). Je repars donc, cette fois mes voisins sont une petite famille indienne qui me propose la couchette du haut. J'accepte joyeusement et je m'endors rapidement jusqu'a l'arrivée a Victoria Terminus, six heures du matin (quand même huit heures de sommeil, mais j'ai eu un peu de mal a ne pas m'endormir ce matin devant mon écran).

Voila, c'est tout.

Le week-end prochain Goa (plus loin, mais j'aurai deux jours) et ensuite repos jusqu'a dans quinze jours (excursion prévue avec toute la boite). Pour la suite j'ai le temps de voir venir.

François/Flott

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