mai 2000 - juin 2004

Quelques personnages

Vendredi 12, toujours pour les elfes. Et comme j'y consigne quelques informations que je dois envoyer à mes copains et à ma famille, je le leur envoie également.

Quelques personnages donc, croisés a Bombay en un peu moins d'une semaine. Quatre en tout, dont je me permets également de parler aux rôlistes parce qu'on les trouve partout, parce qu'ils ont comme tout le monde quelque chose de spécial.

Le premier j'oserai encore le présenter, pour ceux qui ne me situent pas bien : gentil jeune homme timide et naïf, se promenant soir et week-end dans les rues de Mumbai, l'air un peu dans la lune mais c'est son habitude.

Acte 1

Un dimanche. Gateway of India, départ des bateaux pour Elephanta Island, 7 heures du matin. Le jeune homme attend, hésitant encore a partir. Entre le second personnage. Femme, la quarantaine, tanee par le soleil, cheveux cours teintes en roux.

  • Elle Hallo ! Sprechen Sie Deutsch ?
  • Lui Ja, aber nur ein bischen.
  • Elle Ah ! So .... ein .... ich .... gehen .............
  • Lui Ok, English please, you speak quite too fast.

Pour la facilite du lecteur ne pratiquant pas couramment l'Anglais et le confort de l'écrivain, tout les dialogues sont en Français par la suite,  bien que je ne pratique plus que par écrit la langue de Molière ces derniers temps.

  • Elle Je me suis fait voler mes affaires a Goa. Je suis depuis une journée a Bombay. Je n'ai plus d'argent et seule l'ambassade a Delhi pourrait m'aider.
  • Lui méfiant Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?
  • Elle Le billet le moins cher pour Delhi est a 400 roupies (80 francs). Vous pourriez me les prêter ?
  • Lui à voix basse Tant pis, le départ pour Elephanta sera avec les touristes a 9h. Je ne vais quand même pas la laisser comme ça.

Tous deux se dirigent vers un café et s'attablent.

  • Lui Mais comment êtes-vous revenue de Goa sans argent ?
  • Elle Deux touristes hollandais m'ont emmenée avec eux. Mais le consulat [à Bombay] ne peut me délivrer de nouveau visa, il faut passer par l'ambassade.
  • Lui mentant effrontément Bien. Je vous donne cent roupies, je n'ai pas plus sur moi.
  • Elle Je vais a la gare voir les horaires de train. Vous m'accompagnez ?
  • Lui Je vous suis.

Comme il est bientôt neuf heures, le jeune homme laisse la femme grimper seule dans le bus et s'en retourne à la porte de l'Inde.

Fin de l'acte 1.

Acte 2

Le même jour. Dans le bateau. Troisième personnage, vingt ans, Indien.

  • Lui Bonjour. Vous venez d'ou ?
  • Moi habitué à la question De France.
  • Lui Paris ?
  • Moi Non. Nantes.
  • Lui ayant l'air de ne pas connaître Ah. Tourisme ?
  • Moi se plaisant a contredire Non, travail. Je suis dans une compagnie d'informatique, en stage.
  • Lui Moi aussi je suis dans une école d'informatique ! Je suis en vacances [comme tous les scolaires et étudiants jusqu'au vingt juin] et je fais du tourisme a Bombay.

Arrive un second larron, qui se propose de nous prendre en photo. Puis d'autres.

  • Lui Je te présente mes amis. Nous sommes cinq en séjour a Bombay, a Santa Cruz.
  • Moi Vous etes de la meme ecole ?
  • Lui Non, du même village. On fait la visite des grottes ensemble, ca te dis ?
  • Moi ravis Ok.

Le reste se deroule sans accroc, moi parlant peu selon mon habitude. Ils m'offrent de partager leur pique-nique. Puis c'est le retour. Je ne les ai pas revu depuis.

Fin de l'acte 2.

[acte didactique pour montrer que parfois les rencontres sont heureuses]

Acte 3

Second soir "libre" du jeune homme, le long de Marine Drive.

  • Elle Hallo ! Sprechen Sie Deutsch ?
  • Lui Bonsoir ! Vous n'avez pas réussi a aller a Delhi ?
  • Elle Oh ! Bonsoir ! Non, ça fait trois jours que je dors dehors. Et j'ai l'impression que ca fait plus d'une semaine.
  • Lui Vous n'avez toujours pas d'argent ?
  • Elle Non, mais le consulat a contacte l'ambassade. Mon passeport devrait arriver dans quinze jours. Après, je pourrais faire transférer de l'argent d'Allemagne.]
  • Lui toujours très subtil Mais vos parents ne peuvent pas vous aider ?
  • Elle Ils sont morts il y a un an, dans un accident de voiture.
  • Lui ...
  • Elle Vous ne pourriez pas me prêter de l'argent  ? Pour prendre une douche et m'acheter à manger.
  • Lui Mais comment survivez vous depuis dimanche  ?
  • Elle Des touristes m'aident parfois. Quelques roupies par jour, ça permet au moins de manger.
  • Lui Et vous dormez ou ?
  • Elle Dans la gare la nuit, dans les parcs le jour. Mais vous en parlez comme si c'était une habitude. Trois jours seulement. Et encore dix a attendre ...
  • Lui mal à l'aise quand même Je peux rien pour vous ce soir. On se voit demain, huit heures, ça ira ?
  • Elle D'accord. A demain.
  • Lui intérieurement Elle en veut à mon argent quand même. Mais je vais pas la laisser comme ça dans la rue.

Fin de l'acte 3.

Acte 4

Le même soir, devant le cinéma Regal. Quatrième personnage, la soixantaine bedonnante, Indien, myope.

  • Lui Bonsoir. Vous venez d'ou ?
  • Moi ne comptant même plus le nombre de fois ou l'on m'a pose la question De France. Nantes.
  • Lui A Nantes. Je connais. La France ! Le champagne, les belles femmes ... Ne partez pas comme ça, je ne vais pas vous faire de mal.
  • Moi sentant que ma soirée va y passer Mais non, je sais bien. Mais j'allais manger. Au Mandarin, la-bas.
  • Lui Le Mandarin ! Mais vous n'êtes pas bien ! C'est très cher le Mandarin ! Venez plutôt boire une bière avec moi, je connais un restaurant pas cher ou on peut manger chinois.
  • Moi C'est cher la bière ?
  • Lui Non, pas du tout.(Ils arrivent au restaurant). Asseyez-vous donc, je m'occupe de tout.

Deux bouteilles, bière douce pour moi (à ma demande), forte pour lui. Je suis le seul a manger. Il parvient a m'extorquer un verre de plus.

  • Lui Vous rentrez en train ?
  • Moi Oui. Je vais a Churchgate.
  • Lui Moi aussi. Faisons la route ensemble.

Ils sortent.

  • Moi Vous n'etes pas un peu saoul des fois ?
  • Lui criant au milieu de la rue faisant se retourner les autres Indiens Non, pas du tout. C'est juste mon arthrite qui me fait mal au genou.
  • Moi Ah. Voila la gare. J'ai une carte valide en première classe.
  • Lui Non, je n'ai pas les moyens. Avec un salaire d'assistant professeur de huit cent franc par mois, je n'ai même pas de quoi payer les études de mon fils. Il a le même age que vous.
  • Moi Bonsoir alors. Bonne nuit.
  • Lui Bonne nuit jeune homme. "Au revoir  !" en Français dans le texte

Fin de l'acte 4.

Finalement une soirée a cinquante franc, un bon repas et une bonne bière, un dialogue intéressant (car tous les détails ne sont pas la) pour "beaucoup moins cher qu'au Mandarin, jeune homme !"  

Acte 5

Le lendemain, Marine Drive, 8h10

  • Elle Hello !
  • Moi Excusez-moi, je suis en retard, je viens de découvrir Colaba.
  • Elle Pas grave. Vous savez, je ne fais qu'attendre toute la journée. Je suis très fatiguée.
  • Lui Tenez. Voila cinq cents roupies et mon adresse en France. Vous pourrez me rembourser une fois revenue en Allemagne.
  • Elle Oh ! Merci. Mais je vous donnerai votre argent dans quinze jours, j'ai votre adresse.
  • Moi Pas la peine vous savez. Enfin bonsoir, je suis presse ce soir, j'ai un film a voir.
  • Elle Bonsoir. Et merci. A un prochain soir sans doute !

Fin de l'acte 5.

Ai-je perdu cent francs, je ne sais pas. Mais est-ce que ça a vraiment de l'importance ?

Voila. Un petit extrait de vie à Bombay, quelques heures dans une semaine.

Bonne chance à tous.

François, Flott, C'meyth, comme vous voulez.

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